Améliorer la santé orale à l’école : quelles interventions vraiment efficaces ?
On a tous en tête le souvenir d'un dentiste venant dans notre classe à l'école pour nous expliquer comment se brosser les dents... mais nous sommes-nous déjà posé la question de l'impact réel de ce type d'intervention ? La littérature a montré que ce type d'intervention n'avait que très peu d'impact mais surtout augmentait les inégalités sociales de santé.
Pourquoi repenser les actions classiques à l’école ?
Les actions traditionnelles de prévention (sensibilisation, dépistage en classe) sont peu efficaces. Aucune preuve scientifique ne démontre leur impact durable.
À Montpellier, les données issues des REP et REP+ révèlent une prévalence de caries deux fois supérieure à la moyenne nationale, montrant que les dispositifs existants ne suffisent pas. Il est donc urgent d’adopter des approches à fort impact, ciblées et évaluées.
Quelles interventions ont prouvé leur efficacité?
Trois approches sont documentées :
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1. Le brossage supervisé quotidien à l’école, démontré par le programme Childsmile (Écosse), réduit les soins dentaires de 54 % en 8 ans
- 2. L’application de fluor en milieu scolaire (vernis, fluorure diamine d’argent, scellements de sillons) est efficace, réalisable sans matériel lourd et conforme aux recommandations de la Cochrane (2022).
- 3. L’utilisation du numérique, en complément du présentiel, pour améliorer la littératie en santé orale des enfants et de leurs familles, s’inscrit dans le cadre des recommandations OMS (programme mOralHealth, 2021), déjà implémenté à Montpellier.
Quel rôle pour les professionnels autour des enfants ?
La santé orale ne relève pas seulement des professionnels de santé (chirurgiens-dentistes, orthophonistes, médecins...).
Tous les professionnels en contact avec les enfants (enseignants, personnels de crèche, animateurs de cantine) peuvent être sensibilisés à détecter les troubles alimentaires, les troubles respiratoires du sommeil, ou à renforcer les bonnes pratiques d’hygiène.
Cela implique une montée en compétences interprofessionnelle et une mobilisation collective dans les territoires.
Les maladies de santé orale touchent 3,8 milliards de personnes dans le monde.
Pour agir efficacement dès l’enfance, les interventions scolaires doivent s’appuyer sur des données probantes.
Montpellier propose une approche structurée, interprofessionnelle et territorialisée qui pourrait inspirer d’autres villes.
L’enjeu est clair : transformer la prévention pour réduire durablement les inégalités.